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Août 28

[Interview] Jean-François Vaquiéri (Secrétaire général d’Enedis et président de l’Union nationale des PIMMS)

Avec ses 66 points d’accueil implantés dans les territoires (urbains et ruraux), les PIMMS (Points d’information et de médiation multi services, co-fondés par ENEDIS) ont permis l’an dernier à près d’un million de personnes, socialement vulnérables, de bénéficier d’un accompagnement personnalisé très utile. Explications et perspectives d’avenir, présentées ici dans La Revue Civique par le Secrétaire général d’ENEDIS, Jean-François Vaquiéri.

 La Revue Civique : Les Points d’information et de médiation multi services (PIMMS) viennent de célébrer leur 25ème anniversaire. Leurs actions, auprès des publics socialement très défavorisés, sont déterminantes pour rétablir des liens sociaux de proximité dans les territoires. Quelles actions majeures mènent concrètement et prioritairement ces PIMMS, soutenus par ENEDIS ?

– Jean-François VAQUIERI : Enedis est l’un des membres fondateurs des PIMMS. Créés en 1995, ces Points d’Information et de Médiation Multi-Services sont des lieux d’accueil ouverts à tous, interfaces de médiation entre les populations et les services publics. Leur mission est de faciliter l’accès aux services publics et aux droits sociaux des populations les plus vulnérables. 

Avec 66 points d’accueil répartis sur le territoire français, près d’un million de personnes ont bénéficié l’an dernier d’un accompagnement personnalisé permettant de répondre à près de 2 millions de demandes. En juin 2019, Enedis a succédé à Véolia à la présidence des PIMMS pour 3 ans. C’est une responsabilité forte, dans une période où la crise sanitaire et le choc économique percutent les plus vulnérables. Pour amortir ce choc, nous aurons besoin de renforcer de service public de proximité. Nous y travaillons avec les acteurs des territoires, collectivité, mairie, préfecture, entreprises et bien sûr l’Etat.

Partenariat PIMMS- ENEDIS : lutter contre la précarité énergétique et l’exclusion sociale.

Pour Enedis, bien informer les clients en difficultés et leur permettre d’accéder rapidement aux dispositifs d’aide leur permettant d’éviter une suspension de la fourniture d’électricité est une priorité. Les Pimms/ France Services sont au cœur de notre approche sociétale. Ils sensibilisent à la MDE (Maîtrise de l’énergie), informent sur les différentes prestations d’Enedis et accompagnent les clients en situation de pré-coupure. Certains Pimms ont été impliqués dans le déploiement de Linky, contribuant à l’information sur les services du compteur intelligent et à la sensibilisation aux éco-gestes. Les PIMMS ont su s’intégrer dans les quartiers prioritaires de la politique de la Ville et, plus récemment, dans les zones rurales et péri-urbaines. Ils se sont adaptés aux nouveaux besoins en créant des permanences sur-mesure ou en développant des PIMMS mobiles pour « aller vers » les habitants les plus isolés. Cette proximité, cette solidarité correspondent également à nos valeurs d’entreprise.

 La Revue Civique : La crise Covid a accéléré la digitalisation de certaines activités. Est-ce que cela concerne aussi les associations de proximité, et dans quelle mesure la médiation sociale peut se digitaliser ?

– Jean-François VAQUIERI : Aujourd’hui, l’urgence de la médiation est numérique, avec l’accélération de la digitalisation des services et des démarches administratives. La crise du Covid a accéléré la cadence. C’est pourquoi nous accélérons également le déploiement des Points d’Accompagnement Numérique aux Démarches Administratives (PAND@ by PIMMS) qui sont des espaces d’accompagnement numérique.

Interview

Avec Jean-François VAQUIERI, président de l’Union nationale des PIMMS sur la priorité donnée au développement numérique.


« La montée en puissance du numérique est au cœur de notre chantier d’avenir ».

Notre objectif est de doubler le nombre de ces points numériques, en passant de 25 à 50 dans les deux prochaines années. Cette montée en puissance rapide du numérique est le cœur de notre chantier d’avenir.  Notre objectif est d’accompagner et former environ 85 000 personnes par an. Pour cela, nous prévoyons d’agir à trois niveaux : former, accompagner les publics et équiper les PIMMS avec le matériel et les outils de formation nécessaires.

Notre objectif est de transformer cette menace pour certains en opportunité d’inclusion, de lien et de capacité à accéder aux services publics dématérialisés. A l’occasion du colloque organisé par l’Union des PIMMS le 18 juin dernier, le Secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, a souligné la nécessité de mettre en cohérence la question de la médiation et de la fracture numérique. Il a également souligné le caractère remarquable du travail des Pimms.  (A voir en replay sur la plateforme d’Acteurs publics, deux heures d’échanges consacrées à « l’urgence de l’après crise : la médiation sociale et numérique. »).

Les entreprises publiques et privées sont engagées dans la même transformation, réussir la digitalisation de leurs activités et services, et accompagner les plus vulnérables vers ses nouveaux usages. C’est un parcours de bout en bout.

In fine, les PIMMS s’adaptent aux besoins des publics et des territoires, c’est leur force et la clé de leur réussite dans la médiation numérique. L’objectif est de rendre autonome les personnes que nous accompagnons. Pour y parvenir, nous travaillons notamment avec Emmaus Connect ou encore La MedNum créée pour rassembler tout le réseau d’acteurs qui œuvrent depuis près de 20 ans pour les éloignés du numérique. Autre exemple, lors du confinement, une trentaine de médiateurs des PIMMS ont contribué à la plateforme « Solidarité numérique », mise en place par le Secrétariat d’Etat au numérique pour aider les Français dans leurs démarches.

Une implantation dans les territoires, urbains ou ruraux, pour renforcer le lien social.
Retrouvez la carte interactive du réseau des PIMMS

« Concilier utilité pour les entreprises partenaires, efficacité pour les territoires et proximité pour le public ».

L’importance du lien territorial, évoquée ici en vidéo par Jean-François VAQUIERI

 La Revue Civique : Quelles sont les formes et la direction que prennent les partenariats qui réunissent sur ce terrain de la médiation sociale, les PIMMS et les acteurs territoriaux, les mairies notamment ?

– Jean-François VAQUIERI : La force des PIMMS est de réussir à concilier plusieurs intérêts : utilité pour les entreprises partenaires, efficacité pour les territoires et service de proximité au public.

Depuis leur création, les PIMMS accompagnent la politique publique. Ainsi, l’Union nationale des PIMMS a été signataire de l’accord national France Services, signé en novembre 2019 au titre de « son savoir-faire dans la construction de partenariats locaux autour des questions de services au public, de médiation, d’information des publics et de formation ».

Cet accord regroupe neuf partenaires publics, signataires du programme France Services, qui sont désormais présents a minima dans toutes les structures France Services. En 2020, 40 PIMMS ont été labellisés « France Services », dont deux structures itinérantes « Bus France Services ». Sur le terrain, chaque PIMMS s’adapte aux besoins des habitants et des territoires. De nombreuses mairies sont partenaires des PIMMS, parfois elles sont à l’initiative de sa création. Dans ce cas, le PIMMS accompagne et aide aux démarches administratives, à la compréhension d’un courrier administratif, à la réalisation d’un dossier (demande d’allocations, recherche d’emploi…) avec parfois la présence d’un écrivain public.

Dans des zones rurales, certaines mairies sont à l’initiative de PIMMS Mobiles, de bus qui vont à la rencontre des habitants. En fait, les PIMMS développent des formes de présence différentes selon les territoires : permanence, itinérance, visites à domicile, appels téléphoniques…

Nous facilitons la relation entre les habitants et les services publics. Plus que jamais apparaissent des attentes pour plus de proximité des services publics. PIMMS et France Services sont des réponses. Nous devons poursuivre ensemble pour renforcer notre présence et nos capacités d’adaptation.

Date : 23 juillet 2020

Retrouvez l’article sur le site de la Revue Civique :